lundi 18 février 2013

Pas d objectif de croissance



"La BCE n’a pas d’objectif de croissance."


C’est par cette anecdotique phrase qu’est notée la différence entre la politique monétaire menée par la BCE et celle des autres banques centrales. Une anecdote pourtant majeure puisqu’en poursuivant un unique objectif de stabilité des prix, la BCE conduit une politique hémiplégique. Ainsi la hausse de l’euro n’est défendue que pour ses vertus sur le prix des importations ou sur le financement de la dette européenne. Que ces avantages se fassent au détriment de la production industrielle européenne et de ses exportations n’est tout simplement pas pris en compte. 

Une industrie européenne priée donc de s’adapter au rythme des variations de taux de change imposées par nos concurrents. Ainsi face à la baisse en six mois de 10% du dollar et de la Livre ou encore celle de 40% du Yen qui viennent réduire d’autant la compétitivité européenne, la BCE n’a plus que l'argument spécieux du stimulant aux réformes structurelles pour justifier les conséquences collectives d’une politique monétaire menée au profit de certains.

Au profit de l’Allemagne tout d’abord qui produit ses composants en Europe de l’Est à la monnaie faible avant de revendre après assemblage en euros forts, empochant au passage la plus-value du made in Germany. Au profit surtout des grands créanciers internationaux qui voient là leurs placements s’apprécier tranquillement par rapport à la seule monnaie qui compte, le dollar. Accessoirement aussi au profit des pétroliers dont les marges se sont engraissées de gains de change initialement promis aux consommateurs.

Alors que tous les pays du monde mettent leur monnaie au service de leur économie, l’Europe a décidé de mettre son économie au service de sa monnaie. Une politique de l'euro fort qui a surtout l'indicible avantage d'assurer à l'Allemagne et à l'Angleterre une domination sur l'Europe quitte à sacrifier une partie de l’industrie européenne sous le regard complice des politiques qui pourront toujours en expliquer la disparition par un effet malheureux de la mondialisation ou par un anachronique attachement des européens à leurs acquis sociaux.


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3 commentaires:

  1. Peut-on vraiment considérer que la politique monétaire actuelle de la BCE pénalise l'industrie européenne alors que la balance commerciale de la zone euro est excédentaire (+81,8 GE en 2012) et que les taux d'intérêt auxquels les entreprises peuvent se financer n'ont jamais été aussi faibles. Les difficultés d'un pays comme la France résultent davantage de l'incapacité de l'Etat à soutenir véritablement ses entreprises : réglementations trop lourdes, absence de marges de manoeuvre budgétaires liée à une mauvaise gestion de l'argent public (les exemples sont légion), ouverture des frontières non maîtrisée, etc.
    JL

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    1. Bonjour JL. La balance commerciale de l'Europe est excédentaire de +82 G€ dont +175 G€ pour l'Allemagne.Et donc des déficits structurels pour tous les autres pays! L'Europe ne peut se faire dans un tel déséquilibre Et ce n'est pas avec des taux bas ou en baissant les prestations sociales que l'on compensera la baisse de 40% du Yen, ou que l'on jouera à armes égales avec les pneus Chinois.

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    2. Il me semble que l'ouverture des frontières non maîtrisée, a été un choix politique de cette même europe. Un choix dicté par les mêmes raisons et avec les mêmes objectifs que la politique de l'euro fort. La CE/BCE n'est pas incohérente, elle est guidée par un dogme très clair et mis en pratique. Un meilleur contrôle des frontières économique serait combattu avec la même énergie par les mêmes personnes. A partir du moment où les Etats ne contrôlent plus leur politique monetaire et économique, il leur reste juste la possibilité de faire du pseudo accompagnement social, du moins de faire semblant.

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