lundi 12 novembre 2012

Ca n'a absolument rien à voir



« Ça n’a absolument rien à voir! »



Cette réponse d’Hortefeux dimanche sur BFM TV à la journaliste qui lui demandait s’il tirait un enseignement de la réélection d’Obama, apporte un éclairage à l’interrogation de Françoise Fressoz. Mme Fressoz anticipait avec justesse dans son blog que cette victoire devrait enfin précipiter le devoir d’inventaire du Sarkozysme car mettant à bas un précieux argument pour s’y refuser, à savoir qu’aucun chef d’Etat n’a survécu à la crise économique.  

Bien bel espoir, mais c’était sans compter sur le fait que ce rejet de la remise en question, du doute repose bien davantage sur la Croyance que sur la Raison. Sur la croyance que Sarkozy n’a pas perdu les élections. Il a « tangenté la victoire » prêche même le fidèle Hortefeux. Mais après les très classiques «ça n’a absolument rien à voir », « vous comparez ce qui n’est pas comparable" ou « c’est un autre continent », nous avons tout de même eu droit à de nouveaux arguments pour remplacer au plus vite le précieux perdu.

L'UMP dans la 4ème dimension (à Nice)
Passons vite sur Copé qui un peu plus tôt s’enfonçant toujours plus bas le remplaçait par l'occultation de la crise pendant la campagne présidentielle, pour passer à ceux d’Hortefeux beaucoup plus intéressants car étant très certainement la nouvelle ligne de défense psychologique de l’Ex. Le premier argument est une extension de ce même incroyable déni de réalité, cette incapacité à accepter la défaite qui semble dorénavant faire partie des gènes du Sarkozysme et d’une grande partie de la droite. Sarkozy n’a pas perdu l’élection présidentielle. C’est impossible, ce n’est pas arrivé. Depuis cette même quatrième dimension Hortefeux nous explique que des élections américaines, il retient surtout la victoire des Républicains à la chambre des représentants, négligeant largement le fait qu’ils y sont majoritaires depuis 2010 et que l’élection de 2012 ne devrait pas modifier significativement leur nombre de sièges. Obama n’a pas vraiment gagné, donc Sarkozy n’a pas vraiment perdu. Imparable. Le deuxième argument choc d’auto-défense s’appuie toujours sur Obama qui ne devrait sa réélection qu’à l’absence de réformes importantes durant sa présidence en opposition bien sûr à un Sarkozy qui, lui, a pris tous les risques. L’Obamacare? Une réforme non financée balaie rapidement Hortefeux.

Que dire alors face à ce qui ressemble de plus en plus à un délire? Quels nouveaux arguments seront inventés après la possible réélection de Merkel? Sarkozy finira-t-il sa vie dans la certitude qu’il est toujours Président? Ce n’est pourtant pas les occasions qui ont manquées de faire preuve de ce sens des responsabilités que l’UMP ne cesse d’exiger des autres. La réélection d’Obama ne risque bien de n’être qu’un ajout de plus à la longue liste des excellentes raisons qu’aurait la droite de s’interroger enfin sur un homme, une méthode et une ligne politique qui les a conduit à 5 défaites électorales d’affilée, à une radicalisation destructrice, et qui a fait naître des Copé, des Morano, des Pelettier….et des Hortefeux.

Le Sarkozysme apparaît de plus en plus comme un étrange château de carte maintenu par la seule foi de ses adorateurs. Pourtant celui qui réussira à retirer la première carte aura de grandes chances d’apparaître comme le refondateur de la droite. Il faudra pour ça oser être Judas.



2 commentaires:

  1. De toute façon l'argument de "ils ont tous été balayés par la crise" est un gros mensonge depuis le départ. Merkel a été reconduite en 2009, Reinfeldt (en Suisse) en 2010, même chose en Estonie, etc. Les contre-exemples ne manquent pas même en Europe. Je comprends même pas qu'on puisse encore l'utiliser sans aucune honte.

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  2. Vous savez si la droite actuelle avait encore un peu de probité, l'UMP n'en serait pas là. Si vous ne l'avez pas lu je vous invite à lire le billet "ce pacte est fondé sur un mensonge d'Etat"

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